
Comment introduire et conclure une visite contée ?
Beaucoup de guides qui suivent notre formation “Écrire et mener une visite théâtralisée ou contée” se posent cette question. Elles écrivent de superbes visites contées, mais au moment de les mettre en place, elles sèchent sur l’introdution et la conclusion. Comme pour les dissertations de philo en terminale, l’intro et la conclusion, c’est souvent baclé alors que c’est primordial. Voici nos conseils pour soigner ces moments clés !
Un accueil décontracté, un conte énergique.
Après un accueil simple et chaleureux (quelques échanges sur l’origine des visiteurs ou sur la météo), une fois que tout le monde est réuni et que l’introduction générale est faite, il est temps de passer au conte ! Cette fois, on sort de l’adresse décontractée pour faire comprendre au public que maintenant, la visite contée commence ! Il ne faut pas avoir peur de se mettre en scène.
Pour ça, on commence par prendre les choses en main en plaçant les visiteurs devant soi, avec énergie. On parle plus fort, on prend plus de place, on change de ton. Pour le choix des phrases, libre à vous. Le traditionnel “Il était une fois” est un peu galvaudé certes, mais comme on est en visite guidée il permet de faire comprendre clairement aux visiteurs où ils mettent les pieds. Pleins d’autres choses sont possibles à condition que cette introduction assume l’aspect conté.
Un exemple pour les enfants.
Pour ma visite contée du Vieux-Lyon pour les enfants de 6 à 10 ans : Après l’introduction générale et les consignes, l’entrée dans le conte se déroule ainsi (avec de grands gestes et une voix forte) :
“L’histoire que je vais vous raconter se passe il y a presque 500 ans à une époque très ancienne qu’on appelle le Renaissance [court contexte national en donnant le nom du roi de l’époque]. En ce temps là, la ville de Lyon était bien différente [court contexte local et description générale de la ville en finissant sur les quartier pauvres où vit l’héroïne de l’histoire]. Et dans une des ces petites cabanes en bois, au bord du Rhône vivait Lisette.”
A partir de là, c’est bon, tout le monde est dans l’histoire.
Un exemple pour les adultes.
Pour les adultes c’est parfois un peu plus délicat parce qu’ils ont moins l’habitude qu’on leur raconte des histoires sous cette forme. Pour les plus réfractaires, ou ceux qui ne savent pas que ça va être conté, il faut commencer par les faire lâcher prise sur leur intellect. Astuce : faites une introduction grandiose. Chez Cybèle, on raconte qu’on est missionnées par un illustre savant lyonnais (inventé) et que grâce à la déesse Cybèle, il a rencontré les fantômes de ses ancêtres lyonnais et qu’on va leur raconter une histoire transmise par un ancêtre.
Pour ceux qui savent qu’ils viennent voir une visite contée, il peut tout à fait suffire de leur dire :
“Bienvenue à cette visite contée. Je vais vous raconter l’histoire de X. Cette histoire se passe à tel période…”
Conclure joliment.
Prendre le temps.
De la même manière que l’on a fait une entrée claire dans le conte, il faut le conclure de manière lisible. Mes visites terminent souvent tout simplement par “C’est ainsi que se termine l’histoire de XXX à Lyon à telle période.”
Puisqu’on a amené le public dans une histoire, il faut lui laisser le temps de revenir à la réalité. On ne peut pas enchaîner tout de suite sur : “Merci, au revoir, bonne journée”. Ce serait trop abrupt. Souvent le public veut applaudir. Parfois même, il prendra un petit temps avant d’applaudir ou de dire merci. Nous devons accepter ce temps de silence en faisant retomber lentement la tension du récit. C’est même très agréable en tant que conteuse de sortir de cette tension avant de reprendre sa posture décontractée.
Accompagner le retour à la réalité.
C’est à ce moment là, après la fin de l’histoire, que nous prenons le temps de faire le point sur les sources historiques qui nous ont aidées à créer cette visite, pour départager le vrai du fictif, etc. Ça facilite également le retour à la réalité. Après ça, nous sommes suffisamment revenus au réel pour prendre les questions s’il y en a, puis pour remercier les visiteurs et leur souhaiter une bonne suite de journée.
Soigner ces moments.
Nos visites sont une capsule dans des journées souvent bien remplies. C’est pourquoi il faut cueillir tranquillement mais fermement le public et le laisser repartir en douceur.
Tranquillement parce que les gens réservent généralement une visite pour passer un bon moment décontracté.
Fermement parce qu’au début du conte, si les choses sont très claires, le public n’a pas à se demander ce qu’il fait là, si on va lui poser des questions, s’il va devoir être actif, etc. Il n’a pas besoin de chercher quelle est sa place, il comprend qu’il va écouter une histoire.
Une entrée claire dans le récit pour que les gens se laissent embarquer et une sortie claire du récit pour laisser place à l’expression du public (applaudissement, remerciement, expression de ce que leur a fait vivre ce conte, questions…), ça permet de leur faire vivre cette parenthèse de manière apaisée et de les remettre tranquillement dans la réalité pour qu’ils reprennent leur journée en douceur.
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