Incarner une histoire, c’est la raconter depuis le point de vue des personnages qui ont vécu les évènements passés. Que l’on raconte ce qu’il s’est passé (visite contée) où que l’on incarne des personnages (visite théâtralisée), le but est de rendre l’Histoire humaine en la faisant passer par des personnages auxquels les visiteurs·euses peuvent s’identifier. C’est ce que le public recherche quand il demande des “anecdotes” : il veut des récits incarnés. (cf. Notre article sur les anecdotes).

Par exemple, à Lyon, tout le monde raconte l’histoire de la Fête des Lumières (désolées les non-Lyonnais pour nos références, toujours lyonnaises 😅) mais elle est toujours racontée comme quelque chose de totalement désincarné. “Et le 8 décembre, quand l’orage s’est arrêté, tout le monde a sorti ses lumignons”.

Mais si l’on veut comprendre cette histoire et s’en émouvoir, il faut se demander : c’est qui “tout le monde” à cette époque ? La vérité, c’est que tous les Lyonnais de l’époque ont vécu ce moment, et selon leur classe sociale, ils avaient des vies et des avis très différents. Rendre compte d’un évènement, le contextualiser et le raconter au plus juste, c’est avant tout raconter les gens, leurs points de vue, leurs subjectivités, leurs émotions, leurs ressentis physiques, etc.

Pour incarner l’histoire, il faut des personnages auxquels s’identifier. Et pour s’identifier, il faut du sensible, de l’ambiance. Comment faire ça ? En ajoutant des détails de matières, d’odeurs, de couleurs, de météos, de sons… En visite, ça passe par l’art de la parole et du conte. Quand on ajoute cette matière sensible, les personnes peuvent se figurer, imaginer concrètement les scènes et ainsi s’immerger dans le récit. C’est ce qu’on fait dans toutes nos visites.

Pendant les confinements, on a fait des podcasts pour continuer à raconter des histoires malgré le contexte. Et parmi ces podcasts, il y a une minisérie qui raconte la fête des Lumières. Celle que les Lyonnais ont vraiment vécue. On vous partage ici le podcast. Ici l’ambiance est donnée entre-autre par les effets sonores, et les techniques et contraintes ne sont pas les mêmes que lors d’une visite, mais l’histoire y est incarnée et c’est ça qui fait qu’on comprend les différents enjeux dont on ne parle jamais en visite. C’est qui donne envie de suivre l’histoire.

Bonne écoute !