C’est toujours un peu vertigineux de se lancer dans une visite théâtralisée et d’incarner des personnages. On nous demande souvent des conseils sur le vocabulaire que doivent emprunter les personnages. Parce que dans ce format de visite, d’une part on incarne des personnages du passé et de période où la langue était très différente, mais en plus, ces personnes sont issus de différents milieux sociaux. Alors comment les faire parler ? Quel vocabulaire adopter pour que notre personnage soit le plus juste et le plus crédible possible ?

Quel vocabulaire utiliser pour rendre compte d’une époque ancienne ?

Si vous voulez avoir un personnage qui parle “comme à l’époque” on vous souhaite bon courage !

Il y a des linguistes qui étudient ça et qui pourront vous aider. Mais quand bien même vous arriviez à incarner un personnage du 16e siècle avec le bon accent et le bon vocabulaire, je pense que ce serait incompréhensible pour les visiteur·euses. Alors soyons tranquille avec ça. Chez Cybèle nous prenons le parti de parler avec un langage actuel.

On peut parsemer le texte de mots un peu désuets. Par exemple, pour incarner un personnage du 19e siècle dans notre visite “Chronique des Lyonnaises inconnues”, on aime bien utiliser le mot “billevesées”. Ça donne une connotation “vieillotte” même si nous n’avons aucune idée de si ce mot était réellement utilisé au 19e siècle. Ça nous permet surtout de jouer avec la langue.

On peut aussi faire des anachronismes conscients. Une aubergiste du 16ᵉ siècle emprunte le mot “business” dans une de nos visites, tous les publics savent que c’est une blague et ça fonctionne très bien.

Quel vocabulaire pour rendre compte de la catégorie sociale du personnage ?

Selon qu’il vient de la haute ou de la basse société, notre personnage ne parlera pas de la même manière. Là, c’est important d’adapter son vocabulaire. Lorsqu’on écrit une visite, on se concentre forcément sur le texte, et c’est important. Mais avant de détailler le vocabulaire, pensez à tout le reste : l’apparence de votre personnage, sa voix, son corps, son milieu social d’origine, etc. C’est hyper important de vous imprégner de tout ça avant d’écrire quoi que ce soit.

En se mettant physiquement dans le corps du personnage, en lui trouvant des gestes et des mimiques, un vocabulaire adapté viendra naturellement. Si vous captez l’énergie de votre personnage, le texte viendra plus facilement. On vous recommande de ne jamais écrire une visite théâtralisée assis à votre bureau, mais de régulièrement passer du jeu à l’écriture et de l’écriture au jeu pour fluidifier (et éviter de vous retrouver à devoir tout réécrire après l’avoir joué).

Ensuite, vous pourrez retravailler le texte à tête reposée et vous poser la question de la cohérence de chaque mot. Peut-être que mon personnage bourgeois n’utiliserait pas ce mot un peu vulgaire ? Est-ce que mon personnage populaire connait et emploie ce mot, n’est-il pas un peu trop distingué ? Cet affinage peut se faire à la table, mais seulement à condition de l’avoir déjà éprouvé physiquement.

Un langage actuel, incarné et choisi

Pour résumer, il faut choisir un langage simple pour qu’il s’adresse à tout le monde. Il faut toujours passer par le corps dans un premier temps pour “sentir” son personnage et un travail d’affinage peut être fait à la table pour préciser le vocabulaire.

En parler entre collègues ou avec son entourage peut aussi permettre de varier le vocabulaire et de s’échanger de bonnes idées !