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La guide hésitante face au public

Faut-il absolument savoir improviser en visite théâtralisée ?

Les personnes qui suivent nos formations nous demandent souvent s’il faut absolument improviser dans une visite décalée. Si nous avons cette question c’est que l’improvisation, ça fait souvent peur. Peur que la situation nous échappe, peur de s’embourber dans un discours qui ne serait pas suffisamment préparé à l’avance, et peur que ce soit une attente du public lorsqu’il sait que ce sera théâtralisé. Certaines guides ne se sentent a priori pas capable d’improviser et rejettent l’idée de mener une visite théâtralisée pour cette unique raison.

Dans l’article qui suit, on définira l‘improvisation comme tel : Improviser c’est sortir du texte initialement prévu tout en restant dans la peau de son personnage ou inventer un jeu, une idée, un dialogue avec le public, une mimique, ou tout autre chose non prévues lors de l’écriture de la visite.

Alors faut-il improviser ? La réponse est contextuelle mais voici quelques pistes de réflexion.

Pourquoi improviser ?

Une guide qui improvise, ça fait toujours plaisir au public ! Quand les visiteur·euses détectent une improvisation, ça leur donne une impression d’exclusivité et même si le public ne s’en rend pas forcément compte, les moments d’impro sont des moments où, en tant que guide, on est totalement présents à ce qu’on fait et le public le ressent forcément. Alors oui, c’est super d’improviser, pour soi comme pour le public.

Savoir improviser.

Toutes les guides improvisent. Parce que même en prévoyant au maximum sa visite, on se retrouve toujours face à des imprévus : un endroit où l’on ne peut finalement pas s’installer, un public très attentif qui demande beaucoup plus que ce qu’on avait prévu (ou l’inverse), du bruit à côté du groupe, etc. Donc improviser, c’est dans les cordes des guides.

Mais pour improviser dans une visite décalée et notamment quand on joue un personnage, il faut se sentir à l’aise.

Improviser ou non.

Improviser quand on joue un personnage, c’est un peu plus technique que les improviations en tant que guide. Parce que nos personnages ont un caractère précis, un certain vocabulaire, un point de vue déterminé sur le monde, etc. Si les contours de votre personnage sont très bien dessinés et que vous vous sentez à l’aise de “déborder” du texte sans “déborder” du personnage, c’est très bien, faites-le ! À coup sûr, le public sera réceptif. 

Mais il n’y a pas d’obligation. Si vous ne vous sentez pas, un personnage peut être totalement écrit à l’avance et sans aucune part d’improvisation. Et lorsque vous sortez de l’incarnation de votre personnage et que vous redevenez guide, là, vous pouvez reprendre votre par d’improvisation que tout guide sait faire.

Le risque quand vous jouez un personnage, c’est que certains visiteurs aient envie de jouer avec vous. Si c’est le cas, vous n’aurez pas d’autre choix que d’improviser. Mais honnêtement c’est rare et généralement, les gens interviennent seulement s’ils voient que c’est possible et que la guide les y invite.

Il nous est aussi arrivé de tomber sur des visiteurs qui cherchaient à nous sortir de notre rôle en posant des questions hors propos (sur des évènements passés après que le personnage ait vécu ou à souligner le portable que vous avez dans la poche alors que votre personnage vit au 17e siècle), mais pour ceux-là, il n’y a pas grand chose d’autre à faire que jouer avec ça avec une pirouette du style : “ce n’est pas mon téléphone, c’est un pigeon voyageur portatif !”

Les astuces pour feindre d’improviser.

Il est toujours possible de préparer quelques blagues à l’avance. Ce n’est pas vraiment de l’improvisation mais ça permet de réagir à l’environnement.

Quelques exemples :

  • Une voiture passe : “attention à vous, un char / fiacre / voiture à cheval qui passe”
  • Une cloche d’église sonne quand vous en parlez : “dès que je parle de cette église, elle sonne”
  • Une personne extérieure au groupe vous interrompt : “le monde est impoli. Aujourd’hui il n’y a plus aucune éducation”.

Conclusion, le plaisir d’improviser en personnage

Il n’y a donc aucune injonction à improviser lors d’une visite théâtralisée, mais quand on est serein et qu’on le fait, c’est un vrai plaisir que d’improviser en personnage parce qu’on peut dire plein de choses qu’une guide ne peut pas dire. On peut faire des courbettes au public, ou au contraire, le malmener. On peut réagir aux vêtements portés (avec les histoires de soie à Lyon, c’est toujours une bonne blague à faire), aux bruits rencontrés, ou simplement partir dans un jeu avec le public. C’est une petite mise en danger mais quand ça marche, c’est un plaisir pour tout le monde !

Musicienne, comédienne et guide-conférencière, Lucille est une lyonnaise d’adoption : née en Normandie, elle voue encore un culte au beurre demi-sel. Aimant le théâtre et la musique, elle fut tour à tour spectatrice, régisseuse et prof.

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